En Gascon, le graphisme pour le son "ou" est O : LOUIT s'écrit donc LOIT. Le I peut se transformer en Ÿ ou Y. La prépondérance croissante du français impose le graphisme OU pour le son "ou", et O pour le son "o" ; enfin le Y est remplacé par I. Le graphisme U ne se prononce jamais "ou" mais toujours "u" (excepté dans les diphtongues où la prononciation est variable) mais en latin d'église il se prononce "ou". On trouve d'ailleurs des actes où le nom des intéressés est orthographié LUIT et la signature LOUIT et aussi l'inverse, selon qu'il s'agit d'actes établis par le curé ou de minutes de notaire.
D'autre part, le "v" situé entre deux voyelles se prononce [w] (ou)
Orthographe
Les orthographes de LOUYT et LOUIT se retrouvent souvent indifféremment, et dans le même acte notarié. On trouve aussi : LOUŸT, DELOUYT ou DELOUŸT, DELOUIT, LUIT qui s’uniformisent en LOUIT par la suite
La particule "de" n'a probablement rien de nobiliaire mais indique plutôt l'origine ; elle disparaît d'ailleurs assez rapidement sauf pour deux familles qui l'ont conservée (ou reprise) accolée au patronyme (DELOUIT).
La forme LOID au Moyen-Âge est une simple variante graphique
"Voici PALAUQUI de Foix, DELGA du Lauragais, LOUIT du Gers,
aux côtés desquels j’ai combattu à Toulouse. "
C'est ainsi que Maurice MAGRE, dans son roman poétique "Le Sang de Toulouse", cite des chevaliers occitans défendant la forteresse cathare de Montségur lors de sa chute en 1244.
Certain correspondant rapporte que des LOUIT auraient été victimes de l'Inquisition, un autre qu'un LOUIT aurait été croisé au XIIè siècle, mais ne donnent pas de références.
Michel ROQUEBERT, éminent spécialiste de l'Inquisition, nous affirme qu'il n'y avait de LOUIT ni à Montségur, ni dans les jugements de l'Inquisition, et que la religion cathare n'a pas traversé la Garonne (excepté tardivement en Lomagne).
À ce jour, nous n'avons découvert aucun document permettant de confirmer ces dires, mais l'existence de personnes du nom de LOUIT est avérée à la fin du XIIè et au XIIIè siècles, qui, pour certains au moins, étaient des vassaux du comte de Bigorre
"…Dés le début de 12ème siècle, l’influence
Cathare se faisait sentir en Bigorre. Les comtes de Bigorre embrasseront la
nouvelle doctrine, et souvent protégeront les Cathares. Après la bataille de
Muret (1213), qui assura la victoire de Simon de Montfort, les Cathares
conservaient encore quelques places fortes dans la région, dont le château de
Lourdes…" (site internet bigorre.com)
Gaston
de Moncade, comte de Bigorre, prit le parti des Cathares dans leur résistance à
la conquête (Abbé COLOMEZ, Histoire de la Province et du Comté de
Bigorre).
Des LOUIT ont donc probablement participé aux combats de la croisade des Albigeois
Les LOUIT du Moyen-Âge se situent en Bigorre et en Astarac (au voisinage de Mirande, Gers) ; nos recherches ont permis de reconstituer la plupart des généalogies agnatiques dès le XVIIè siècle, et l'on a constaté en remontant le temps une convergence vers cinq "zones" entourant :
à la fin du XVIè siècle,
.- TARBES (65 Hautes Pyrénées), .
.- SOMBRUN (65 Hautes Pyrénées)
.- JÉGUN (32 Gers), .- BASSOUES (32 Gers)
au milieu du XVIIè
.- BORDEAUX (33 Gironde)
La "zone" ARMAGNAC regroupe les familles de Castelnau d'Ozan (32) qui n'apparaissent qu'aux environs de 1800 et de Labastide d'Armagnac (40) qui sont très probablement parentes. Près de Labastide, on trouve en 1759 un LOUIT originaire de la "zone" de Jégun, peut-être l'ancêtre du groupe.
Quelques individus sont disséminés au XVIIè siècle dans les Landes ou en Bretagne auxquels il n'a pas été trouvé de descendance et qui sont probablement issus des "zones" précédentes. Enfin des LOUIT sont en Angleterre dès 1600, peut-être ayant suivi les Anglais à leur départ, ou fuyant les guerres de religion, mais n'ont pas non plus, à notre connaissance, laissé de successeurs.
Le village de LOUIT se trouve en Bigorre (canton de Pouyastruc), à 11 km. au nord-est de TARBES, en direction d'AUCH, dans la région des Quatre Vallées. "Sise sur le versant occidental en pente douce de la vallée de l’Estéous (altitude 285 m.), la communauté existait dès le Haut Moyen âge comme le prouve l’existence de deux mottes féodales. La population était de 15 feux en 1429 "(D'après Bigorre et Quatre Vallées de J.F. Soulet et J.F. Le Nail) " ; LOIT est cité en 1283 et LOYT au XIIIè siècle ; le fief de LOUIT donnait entrée aux États de Bigorre ; en 1429 il était possédé en commun par les seigneurs de Gavaston et de Bazillac" ("Dictionnaire topographique de la France", de Louis Antoine LEJOSNE, édité en 1865).
Vers 1313 le lieu de LOUIT est dit tenu par Jean de LOUIT, damoiseau : Dictus locus de LOYT tenetur a Johanne de LOYT, domicello ( Debita regi Navarre, livre des droits dus à Louis le Hutin comme roi de Navarre et comte de Bigorre , Archives nationales)
À notre connaissance, le village de LOUIT est le seul en France à porter ce nom ; on trouve des lieux-dits Louit, mais ce sont des maisons (Sombrun, Boussas) ou des moulins (Orleix, La Hitte Toupière) dont l'appellation est manifestement le patronyme de l'occupant
. Origine du patronyme
Le patronyme de LOUIT se perd dans la nuit des temps : il est bien connu dès 1184 environ et le lieu de LOUIT est tenu par Jean de LOUIT, damoiseau, vers 1313.
Les patronymes se sont fixés au XIIè siècle mais le nom de LOIT doit être plus ancien ; il est donc très probable que c'est le tenancier (la famille LOIT) qui a pris le nom du lieu.
Les familles LOUIT dont nous parlons ici sont-elles des descendantes de ces LOIT du Moyen-Âge, ou s'agit-il d'un nom donné par la population d'accueil à un (des) individu(s) ayant quitté son (leur) village de LOUIT pour s'établir ailleurs ? La particule "de" n'a rien de forcément nobiliaire mais indique souvent l'origine ; elle disparaît d'ailleurs assez rapidement sauf pour de rares familles qui l'ont conservée accolée au patronyme (DELOUIT).
Les deux origines sont possibles ; dès les premiers documents disponibles, certaines familles sont aisées (gros propriétaires terriens) et/ou occupent un rang assez élevé dans la société (chanoine, notaire, consul, pharmacien …) mais entre le XIVè et le XVIè siècle ils ont eu le temps de gravir l'échelle sociale ; la question reste ouverte.
Les diverses sources onomastiques consultées ne nous ont fourni aucune explication sur l'origine du nom de LOUIT, soit qu'elles ne le connaissent pas, soit qu'elles "sèchent"
Tederic Merger nous écrit (après avoir éliminé quelques hypothèses) :…
.- O. Moreno pense au mot latin "OBITUS" C'est une piste (L'obit...). Mais il faudrait pour étayer cette hypothèse avoir d'autres traces de ce mot en Gascogne.- Il peut arriver qu'un "b" entre voyelles en latin se comporte en gascon comme le "v" (c'est-à-dire "w" entre voyelles), et se note "v" en graphie occitane normalisée.
J'ai trois exemples
fr. sapin - latin abies - gascon avet (peut se prononcer "awét")
fr. noisette - latin abellana - gascon averan(a) (peut se prononcer "awéran(o)")
fr. avoir - latin habere - gascon aver (peut se prononcer "awè")
L'hypothèse "obitus - L'ovit - Louit" n'est donc pas infirmée pour l'instant, mais elle reste fragile parce que nous n'avons rien pour la confirmer.
.- Il ne faut pas
exclure qu'un nom de lieu qui est déjà attesté vers 1300 soit pré-gascon, comme
beaucoup de noms de lieu qu'on trouve en Gascogne.
Il n'y a rien de remarquable dans la forme du terrain à LOUIT ; les mottes féodales ont du être surmontées d'une tour ou de fortifications, mais aucun équivalent latin ou allemand ne se rapproche de Louit ; il est possible qu'il y ait eu des cultures de vignes (lo vit) sur les pentes douces du versant ouest, mais ça ne devait pas être exceptionnel.
La transformation à partir de lo vit est peu probable : le v en tête de mot se prononce [b] en gascon et non [w].
Le latin "obitus" = "mort, destruction" est plus vraisemblable : il pourrait s'agir du massacre d'une troupe ennemie (ou pas) ; puisque LOIT défendait l'entrée de la Bigorre, il a du y avoir des batailles, et ce dès la conquête romaine ou les invasions barbares
Quelle langue a pu donner ce nom de LOUIT ? sans doute l'une des divers envahisseurs de la Bigorre
L'anglais ? LOIT existait bien avant l'occupation anglaise
Le latin ? peut-être "obitus" mais très douteux
Le vascon ? le Professeur VENNEMANN spécialiste du vascon à la faculté de Munich le rejette
Le berbère (ou l'arabe) ?
Devant la défaillance des toponymistes et étymologistes, on peut émettre quelques hypothèses
L'ancienneté de LOIT et son unicité en France orientent vers les invasions "barbares"
Le scandinave ?
Le vieux danois "lykt" (enclos, terrain clôturé), à rapprocher du latin "locus" (habitation) qui pourrait désigner une ferme:
:Le prénom viking Ljotr (la finale
"r" s'effaçant systématiquement), les Danois ayant été présents au
IXè siècle nous dit Joël SUPÉRY, auteur de l'ouvrage "Le secret de
Vikings" : "Il existe un
prénom cité dans les sagas islandaises qui pourrait avoir évolué en Louit. Il
s’agit de Ljotr " ;
. Mais celui-ci objecte: "le village se situe en altitude sur un coteau, or, les Danois se sinstallent plutôt dans les vallées lorsqu’il s’agit de faire du commerce. Par ailleurs, lorsqu’il s’agissait de vivre de la terre sur les coteaux, les Scandinaves n’avaient pas d’habitat aggloméré, mais de vastes fermes disséminées". On remarquera cependant que, en 1313 l'endroit est dit 'locus" (lieu, ferme) et non "vicus" (village) et que le village n'est connu qu'en 1429
Rappelons que le nom de LOUIT pour un village étant unique en France, son origine doit être unique.
D'après les Cartulaires de Bigorre
et de Berdoues ; G. Balencie Le Procès de Bigorre ; Livre Vert de Bénac
(Cartulaire des vicomtes de Lavedan) ; Debita Regi Navarre (livre des
droits dus à Louis Le Hutin comme roi de Navarre et comte de Bigorre)
Nous avons regroupé certains personnages (la forme LOID est une simple variante graphique) qui sont probablement le même individu (mais le premier Auger est certainement différent du second : il aurait plus de 100 ans en 1274) ; ces LOIT sont d'un niveau social élevé : témoins de transactions entre Seigneurs, juge, possesseurs de terres et petite noblesse. (damoiseau = nom donné aux fils de seigneurs, aspirant chevalier ou noble non armé chevalier)
Auger de LOID 1156/?/1190 engage avec son frère Lombardus leurs droits sur Bénavent
de LOIT ca.1184 témoin d'un accord entre seigneurs
de LOID 1188 garant d'une donation à l'Abbaye de Berdoues
Lombardus de
LOID 1156/?/1190
engage avec son frère Auger leurs droits sur Bénavent
Bruna
de LOID
1225
vivait avant 1225 ; droits sur Arcoes, quartier de Berdoues
Sanz Aner de LOID 1229 durant la maladie qui lui donna la mort, abandonne à l'Abbaye de Berdoues tous ses droits sur le lieu d'Arcoues
Gassieus de
LOID
1257
témoin d'une transaction entre Berdoues et l'église d'Auch
Johannes (Iohan) de LOID 1260 juge de la cour comtale de Bigorre
1272 témoin d'échange de seigneuries
de LOIT 1274 témoin d'échange de seigneuries
de LOYT ca.1313 le lieu-dit de LOYT est tenu par Johanne de LOYT, damoiseau
Auger de LOID 1274 témoin d'échange de seigneuries
de LOYT 1283 cité parmi les dignitaires ecclésiastiques, barons, chevaliers et damoiseaux formant
la cour de Bigorre
Bernard de LOIT 1283 cité parmi les dignitaires ecclésiastiques, barons, chevaliers et damoiseaux formant
la cour de Bigorre
Guillaume-Arnaud de LOUIT 1319 à 1326 Les Abbés de St Pé de Bigorre: Guillaume Arnaud 1er de Louit de 1319 à 1326
Après le XIIIè siècle, un grand trou ; les informations partielles reprennent au XVIè
Arnauld (2) de LOYT 1549 vivaient à Sombrun (65) aux environs en 1549 (instrument de fidélité du Roy de Augé Navarre contre les consulz manans et habitants du lieu de sombrun ; Archives des Berdot Pyrénées Atlantiques E 506 20/05/1549 & 04/06/1549)
Domenge
Guillamolo
Jehan (4)
Menyon (2)
Menyolon (2)
Pey
Peyrothon
Jehan LOYT 1560 chanoine à Auch
? LOYT 1574 puni pour les troubles qu'il a causés à Jégun (32)
À partir du milieu du XVIIè siècle,
Les minutes des notaires puis les archives des paroisses permettent de constituer des généalogies
Les plus nombreuses familles se trouvent essentiellement à Sombrun (65) et au hameau d'En Bidebarre sur la juridiction (actuellement commune) de Jégun (32) ; ci-après les principaux "chefs" de famille et leur date de naissance estimée (les premiers documents ne concernant que des mariages ou testaments)
"Zone" de Sombrun (65)
Cappaillé Tailheur et Labat sont des quartiers de Sombrun, la "Maison LOUIT" est au pied du château de Sombrun
Hortic de LOUYT né avant 1589 propriétaire de la "Maison LOUIT" à Sombrun (65)
Menjon de LOUYT né ca. 1585 à Sombrun (65) dit "de Cappaillé"
Guilhem de LOUYT né ca. 1585 à Sombrun (65) dit "Tailheur de Cappaillé"
Sanson de LOUYT né avant 1625 à Sombrun (65) dit "de Cappaillé"
Menjon de LOUYT né avant 1586 à Sombrun (65) dit "Labat"
Jeannot de LOUYT né avant 1596à Villefranque (65) dit "Chappiller"
Jean de LOUYT né avant 1602 ; à La Reule (65) dit "Marmot"
Jean LOYT né avant 1650 ; habite Boussas (Couloumé-Mondebat 32)
cousin des LOUYT de La Reule : peut-être un petit-fils du précédent
"Zone" de Jégun (32)
Bernard de LOUYT né avant 1600 à En Bidebarre (Jégun 32) ses enfants forment plusieurs nombreuses familles à En
Bidebarre dès le XVIIè siècle
Barhélemy de LOUYT né ca.1600 à Jégun (32)
Guilhem LOUYT né avant 1600 à En Gougat (Jégun 32) dit "Melhouse"
Dominique de LOUYT né ca.1600 à La Molère (St Jean Poutge 32)
Anthoine LOUYT né avant 1625 à Chatas (St Puy 32)
"Zone" de Bassoues (32)
Jean de LOUIT né ca.1718 à Bassoues (32)
Bernard de LOYT né avant 1641 à Mirande (32)
"Zone" de Bordeaux (33)
Jean LOUIT vivant ca.1670 à Bordeaux (33)
Pierre de LOUIT vivant en 1697 à Bordeaux (33)
"Zone" de Tarbes (65)
Arnault de LUIT décédé en 1685 à Orleix (65) dit "Baylieu"
Jean LOUIT vivant en 1677 à Laslades (65)
Joseph François LUIT vivant en 1733 à Lansac (65)
Jean DELOUIT né ca 1700 à Souyeaux (65)
Jean LOUIT vivant en 1686 à Momères (65)